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Suspirium 1
“L'approche Première”

Le dieu ne les cherchait pas.
Il les a simplement trouvés.

Un temple ? Un passage ?
Juste un abri fragile qu’ils pensaient capable de les protéger du monde.



Il s’est penché plus près.
Par curiosité.

La faim la plus dangereuse qu’une divinité puisse éprouver.
 

Son ombre les a touchés avant que sa main ne le fasse.
Ils n’ont pas levé les yeux ; les mortels le font rarement.
Ils pensent que tant qu’ils ne croisent pas le regard, le regard n’existe pas.



Mais il observait.
 

Il observait la manière dont la peur organise une famille.
Il observait la manière dont l’espoir déforme une colonne vertébrale.
Il observait la manière dont la foi grandit chez des créatures
qui n’ont aucune idée de ce que la foi exige réellement.



Trois êtres, inconscients d’avoir été choisis,
et un dieu réalisant que le choix est la première forme de cruauté.

 

 

​Chaque mythe commence par une découverte.
Pas par une création.
Par une découverte.

Phosphorescent
Texture lourde, Technique mixte
102 cm x 51 cm

Suspirium 2
“Le Pacte”

Les pactes avec les dieux ne commencent jamais par des mots.
Ils commencent par un léger mouvement de la tête,
par la façon dont une ombre immense se penche assez bas pour imiter l’empathie.

 

Il ne parle pas.
Parler le rendrait responsable.
À la place, il tend la main. Fine, allongée, patiente.
Une patience capable d’attendre des siècles pour un seul « oui ».

 

L’humain tend la main à son tour.
Parce que chaque mortel croit pouvoir négocier
avec quelque chose de plus ancien que le temps.


Au moment où leurs doigts sont sur le point de se toucher,
l’air se replie.
Le monde retient son souffle, comme une proie quand le prédateur s’arrête.

Qu’est-ce que le dieu offre ?
Un léger déplacement du destin.
Une fissure dans l’illusion de sécurité.
Une promesse qui ressemble au salut, creuse comme un os.

Qu’est-ce que l’humain offre ?
Tout.

 

Le dieu s’approche,
la faim déguisée en choix.
L’humain reste droit,
la confiance déguisée en force.

 

 

Un pacte n’est jamais un équilibre.
C’est le moment où deux êtres se mentent en même temps et appellent ça le destin.

Phosphorescent
Texture lourde, Technique mixte
61 cm x 91.5 cm

Suspirium 3
“La Marque”

Il se penche au-dessus du berceau
pour revendiquer l’enfant.

 

Les dieux n’aiment pas les enfants. Ils aiment les audiences.
Chaque âme nouvelle est un territoire mou,

un champ vierge sur lequel une divinité peut presser sa forme .

 

Le dieu abaisse son doigt pour empoisonner le premier souffle,
pour teinter la lumière brute avant qu’elle n’apprenne à résister.

L’âme d’un enfant est une proie facile.

Non écrite, sans armure, inconsciente de la forme que prend la faim
lorsqu’elle s’enveloppe d’autorité cosmique.

 

Il ne montre pas un chemin.
Il se désigne lui-même.
Tous les dieux veulent la reconnaissance avant de vouloir l’adoration.

 

Le berceau luit comme un avertissement silencieux.
L’âme à l’intérieur, encore intacte,
sent l’ombre se pencher et garde le silence comme un bouclier.

 

La main du dieu reste suspendue, avide, intrusive, tremblante de besoin ;
le berceau éclairé de l’intérieur, un refus déjà là, avant même que le refus n’ait un nom.

 

 

C’est ainsi que commence l’endoctrinement.
Par un doigt, une ombre,
et une créature
qui croit que sa volonté est un don.

Phosphorescent
Texture lourde, Technique mixte
91 cm x 55 cm

Suspirium 4
“L'Élévation”

Il porte l’humain à l’envers,
comme si l’élévation était une forme de clémence.
Comme si retourner une âme par les chevilles pouvait lui apprendre l’obéissance.

La corde est fine, effilochée, tremblante.
Le genre de lien qui ne cède que lorsque le dieu décide qu’il doit céder.
Les mortels appellent cela le salut.
Les dieux appellent cela un divertissement.

 

L’humain ne se débat pas.
Parce que suspendu entre  le ciel et le sol,
se trouve le piège le plus ancien. On oublie ce que signifie tenir debout.

Le dieu se déplace avec une lente assurance,
berçant le vide,
soulevant tout,
revendiquant le corps
comme une extension de son ombre.

La corde, brillante comme un nerf,
le mortel courbé comme un point d’interrogation,
la main du dieu stable, habitée par une faim qui a appris la patience.

 

Un sauvetage ?
Ou une possession déguisée en hauteur ?

 

 

Chaque divinité a sa méthode préférée.
La sienne est l’illusion de l’élévation.

Phosphorescent
Texture lourde, Technique mixte
91 cm x 91 cm

Suspirium 5
“Le Dernier Souffle”

Le dieu ne tue pas.
Il desserre la prise.


Un mortel est suspendu entre les mondes.
Ni tombé, ni sauvé, retenu par des fils plus anciens que le jugement.
Le ciel brûle derrière lui, une lueur rouge faite de toutes les promesses
qui ne lui ont jamais appartenu.


En dessous, les silhouettes regardent.
Des vestiges.
Ceux qui se sont élevés et se sont brisés, ceux qui ont conclu un pacte
et ont été défaits.


C’est le moment où une âme devient sans poids.
Après que le pacte est scellé, après que la vérité est connue,
après que le dieu a pris ce dont il avait besoin
et laisse le reste à la gravité.

 


Il n’y a aucune miséricorde dans cette scène.
Seulement le relâchement.

Le dernier souffle
avant que le silence ne réponde.

Phosphorescent
Texture lourde, Technique mixte
91 cm x 91 cm

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