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Ratio du physique

Je me souviens d'avoir senti cette échelle.
Des bâtiments auprès desquels j’étais plus petite.
Un fait. Aucune explication fournie.

Les maisons regardaient en silence.
Parfois elles semblaient dangereuses.
Parfois simplement présentes.
Parfois comme un signe que la vie était plus vaste et qu’elle était déjà en marche
.

 

Je le ressentais dans mon corps. Dans mes rêves.
Par la taille. Par la distance. Par la densité de l’air entre moi et les murs.
C’est ainsi qu’est apparu mon premier Ratio.
Une compréhension physique de la proportion.
Je suis ici. Le monde est plus grand. Il y a un espace entre nous.

Un souvenir d’enfance.
Un moment où je n’expliquais pas encore.
Mais où je mesurais déjà.

Texture lourde, Techniques mixtes
61 cm X 92 cm

Texture Lourde, Techniques mixtes
120 cm X 87 cm

Ratio du vivant

Il y avait un état sans séparation.
Quand la source et les humains regardaient dans la même direction et apprenaient ensemble.

Le savoir n’appartenait à personne.
Il circulait de main en main.
De regard en regard. De présence en présence.


Je m’en souviens. Une attention partagée.
Un accord pour regarder.
Ni au-dessus. Ni en dessous. À côté.

 

Le monde ne se révélait ni par le pouvoir ni par la peur.
Il se révélait par la curiosité.
Par le contact avec l’inconnu.
Par le désir de comprendre plutôt que de posséder.

 

 

Ce souvenir n’appartient pas au temps.
Il appartient à l’état du vivant.
Quand la conscience ne se séparait pas encore de sa source.
Et que la vie se mesurait par le lien, non par les formes.

Ratio du chemin

Parfois cela apparaît en rêve.
Parfois cela revient comme la compréhension du moment
où le chemin menait déjà vers un choix.


Vers une décision.

L’homme s’éloignait de la source.

La distance grandissait lentement.
L’ouïe fonctionnait encore.
La voix arrivait. Déformée.

 

Le jour, les pensées portaient sur le pouvoir.
Sur les biens. Sur l’importance. Sur la grandeur de soi.
Ce bruit donnait l’illusion d’avancer.

 

La nuit, le bruit disparaissait.
Les biens perdaient leur forme.
Et alors se faisait entendre le chant de la source.
Faiblement.
Trop faiblement pour arrêter.

Ainsi la distance est devenue décision.
Et la décision, un point
après lequel le retour cesse d’être simple.

Phosphorescent
Texture légère, Techniques mixtes
61 cm X 91.5 cm

Ratio du choix

Parfois cela revient comme un savoir clair.
Le moment où le chemin est déjà choisi.

 

Là où brûlait le feu, un œil est apparu.
Un prothèse du regard. Une manière de voir sans présence.
La fixation à la place du lien.


L’espace est devenu un continuum visqueux.
Le sens a ralenti. Le mouvement s’est alourdi.
Chaque pas a commencé à laisser une trace.

Phosphorescent
Texture légère, Techniques mixtes
121.5 cm X 61 cm

La source a été remplacée par un système.
Par la religion. Par le contrôle.
Par des formes qui organisent le regard et le dirigent.

 

L'humain continue à avancer en s’appuyant sur le visible.
Le prothèse guide.
Les symboles retiennent.
Les structures promettent un appui.


Le choix a eu lieu. Sans éclat.
Après cela, le silence est devenu inaccessible,
et les reflets ont commencé à se faire passer pour le réel.

Le grand Récit sur l’Essentiel

Il arrive un moment où l’éloignement devient une forme d’apprentissage profond, où le mouvement vers l’extérieur ouvre un espace intérieur plus vaste et plus exigeant.

L’origine demeure présente dans le fond du monde, tandis que la parole se tait et laisse place à un silence chargé de sens, un silence qui marque une transition et appelle une autre manière de transmettre.

Phosphorescent
Texture légère, Techniques mixtes
107.5 cm X 61 cm

La suite du chemin se déploie autrement, à travers l’intelligence qui apparaît comme une nécessité et qui s’installe progressivement comme une responsabilité portée consciemment.

 

Les outils émergent dans ce mouvement.
La science se déploie comme un langage de maintien.
L’observation affine la perception.
La mesure organise le réel.

L’ADN se révèle comme écriture du vivant, le cosmos se cartographie comme territoire commun, les systèmes deviennent lisibles et demandent une attention continue.

 

Tout cela œuvre à maintenir l’essentiel vivant dans un monde vaste, dense et fragile, un monde dont l’équilibre dépend désormais de la justesse des gestes et de la précision des décisions.

L’innocence laisse place à la conscience, et la conscience appelle une forme plus haute de présence.

 

Croire devient une étape.
Écouter devient une étape.
Comprendre, anticiper, réparer et maintenir s’imposent comme des actes liés entre eux.

Le droit de choisir signifie la capacité de porter les conséquences de chaque décision, car chaque choix engage un système, chaque erreur se propage, et chaque orientation façonne un équilibre exigeant. 

 

Et si l’intelligence quittait peu à peu le registre du privilège pour entrer dans celui du devoir, un devoir qui relie le savoir, la vigilance et le soin, comme une manière plus dense d’habiter le monde?

Et si servir l’essentiel signifiait accepter de porter la complexité du réel, d’assumer la responsabilité de ce que l’on transforme et de reconnaître, dans le silence de la source, que toute puissance engage une dette envers ce qui nous dépasse ?

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