Peut-être que servir l’essentiel
passe par une attention constante,
par la capacité de maintenir ce qui dépasse l’individu
Peut-être il relie les formes, les vies
et les générations dans une continuité fragile.
Lorsque le monde s’élargit,
lorsque les systèmes se multiplient et que chaque geste porte plus loin que lui-même,
la complexité devient une nécessité,
et la responsabilité commence à s’organiser
autour de chaque décision.
Il s’agit peut-être d’une maturation lente, irréversible, d’un passage vers une forme de conscience capable de soutenir ce qui la dépasse, de contenir ce qui devient instable, de maintenir ce qui relie.
Et le silence de la source, dans cette perspective, exprime une confiance, offerte à ceux qui comprennent peu à peu que vivre consiste désormais
Suspirium
Monologue d'une enfante oubliée
Tu nous appelles tes enfants.
Et pourtant, quand nous crions, tu te tais. Quand nous tombons, tu détournes le regard.
Quand nous implorons du sens, tu nous donnes des épreuves.
Quand nous demandons la lumière, tu nous donnes de la fumée.
Et tu oses appeler cela de l’amour.
Nous sommes ta chair. Ton souffle. Ton remède contre l’ennui éternel.
Tu nous as créés pour ne pas te noyer dans ton propre silence,
et tu t’es ensuite offensé lorsque nous avons appris à parler.
Pourquoi exiger l’adoration de ceux que tu n’as même pas su garder ?
Pourquoi appeler cela un miracle que nous survivions sans toi ?
Tu nous observes d’en haut, convaincu que nous allons nous briser.
Mais c’est toi qui es brisé, du moment où tu as compris que nous n’avons jamais vraiment été à toi.
Tu es un dieu qui a oublié ses enfants et qui a décidé que c’étaient eux qui étaient partis.
Nous ne demandons pas de protection.
Pourquoi nous avoir donné un cœur
si tu n’avais jamais eu l’intention d’utiliser le tien ?
Si tu ne te souviens pas de nous, nous deviendrons notre propre mythe.
Si tu ne nous as pas choisis, nous nous choisirons nous-mêmes.
L’inspiration de l'oubliée, et l’expiration de celle
qui n'a plus besoin de ton paradis.
Réflexions à voix haute
Quand le silence crie plus fort que les aveux
On pense souvent en silence.
Ici, la pensée se dit à voix haute, avant d’être claire, avant d’être stable.
Elle hésite, se tend, se transforme au contact de ce qui la traverse.
Les images apparaissent au moment précis où une question prend corps et devient
Je suis Univers
La plus personnelle de toutes
Portraits 1
Série de péchés modernes
Nous ne sommes pas vides par accident.
Nous nous sommes façonnés ainsi.
Nous avons appris à regarder sans voir,
à parler sans sens, à survivre sans colonne vertébrale.
Nous appelons cela la neutralité.
Nous appelons cela la prudence.
Nous appelons cela « ce n’est pas mon affaire ».
Mais ce n’est que de la lâcheté aux bonnes manières.
Le regard n'est pas perdu.
Il est échangé contre le confort.
Et maintenant nous sommes là, à fixer des visages,
en espérant que l’un d’eux soit coupable à notre place.
Ils ne le seront pas.
Si quelque chose ici te semble insupportable,
c’est parce que tu te reconnais encore.
Et cette reconnaissance














