Un seul iris, assez vaste pour l’enfer et le paradis
![]() |
|---|
Ce regard marque la première bascule.
Un moment de lucidité calme où je cesse de réduire ce que je suis pour que cela tienne dans un cadre plus étroit.
L’iris devient un espace habitable, assez vaste pour contenir mes zones sombres, mes élans lumineux, mes contradictions et leur coexistence sans hiérarchie.
​
La force, la fragilité, la beauté, l’excès et le silence occupent le même champ de vision.
Tout existe ensemble, dans une même profondeur, sans séparation entre ce qui mérite d’être montré et ce qui demande à rester en retrait.
Regarder ainsi demande une sincérité pleine, posée, assumée.
​
Cette peinture accueille.
Elle reconnaît.
Dans ce mouvement naît une paix dense, presque grave, celle qui apparaît lorsque l’ampleur de ce que je porte devient visible et cesse de demander une justification.
Acrylique sur toile
40 cm x 51 cm
À l’intérieur, le monde évolue
Lorsque je regarde à l’intérieur de mon monde, je m’y abrite avec tout ce que je suis.
Je m’y protège comme un corps protège son cœur : sans dureté, sans clôture.
Mes bâtiments sont de la chair lente, une architecture organique qui pousse avec moi.
Je marche dans ce paysage intérieur comme on voyage dans un lieu qui répond, qui écoute, qui se transforme à chaque pas.
Texture légère, Technique mixte
61 cm x 30.5 cm
![]() |
|---|
L’équilibre dans la paume
![]() |
|---|
Tout est une sphère, je le sais sans preuve.
Ni noir ni blanc, seulement des facettes qui tournent et se répondent.
Entrer, c’est accepter la symétrie ; rester dehors, c’est ne pas vivre.
Ma conscience n’est pas une fuite, c’est une condition d’existence, ancienne et active.
Je la regarde de côté, comme une forme qui se dessine elle-même, sans contrat, sans négociation.
Une seule sphère de conscience qui se regarde sous mille angles et continue d’exister.
Texture lourde
Huile sur Toile
102 cm x 76 cm
Reconnaissance
Je me reconnais avant de me définir.
Je n’ai pas besoin d’un miroir quand la forme me traverse de l’intérieur.
Celle qui fait face partage le même axe,
la même densité, la même faim d’exister.
La lumière ne rassure pas, elle affirme.
La sphère n’explique rien, elle tient.
Je ne cherche plus à être lisible.
Je me reconnais, et cela suffit.​
![]() |
|---|
![]() |
|---|
Phosphoréscent
Texture lourde, Technique mixte
45cm x 61 cm
Le jour où je suis devenue Univers
![]() |
|---|
Le jour où je suis devenue Dôme, j’étais fatiguée d’être une surface ouverte.
Le dôme est une forme qui porte la pression sans se rompre.
Je suis devenue une frontière qui protège la vie à l’intérieur, sans se justifier.
Le jour où je suis devenue Flambeau, la lumière en moi n’avait plus besoin d’approbation.
Le flambeau agit comme un signal.
J’ai choisi de brûler pour voir et avancer.
Le jour où je suis devenue Temple, mon intérieur a cessé d’être un lieu de passage.
Un temple impose une sélection naturelle.
J’ai laissé ma profondeur tenir debout, sans explication.
Le jour où je suis devenue Rive, le mouvement réclame une forme.
La rive donne une direction au courant.
Je suis devenue le point de contact entre le flux et la limite.
Le jour où je suis devenue Bûcher, une part de moi devait disparaître.
Le feu nettoie ce qui n’est plus vivant.
J’ai laissé brûler ce qui avait déjà cessé de respirer.
​
Le jour où je suis devenue Cube, le chaos demande aussi une structure.
Le cube tient par lui-même.
J’ai choisi une forme stable, assumée.
​
Le jour où je suis devenue Foi, les preuves se sont tues.
La foi a pris la forme d’un savoir intérieur.
J’ai suivi ma perception, sans calcul.
​
Le jour où je suis devenue Passage, je ne suis pas un point final.
Le passage accepte la transformation.
J’ai laissé traverser, en restant intacte.
​
Le jour où je suis devenue Mythe, la réalité a parfois besoin d’un symbole.
Le mythe porte une vérité irréductible.
J’ai accepté les lectures multiples, sans en porter le poids.
​
Le jour où je suis devenue Univers, il n’y avait plus rien à conquérir.
Les formes ont commencé à cohabiter.
J’ai cessé de me fragmenter.
Je suis devenue un espace où l’enfer et le paradis existent ensemble.





